Au pays des chiliens





Le paranormal par les chiliens


A force de parler avec les gens ici, on se rend compte qu’il y a beaucoup de différences. Notamment concernant la religion et les croyances, les chiliens sont encore très croyants même si de moins en moins pratiquants.

Mais ce qui est très étonnant, c’est quand votre collègue qui se regarde dans un miroir de poche vous dit soudainement: “Tu l’as vu?”. Euh… Sur le coup on se demande de quoi elle parle! Quand elle nous dit qu’une femme transparente vêtue d’une longue robe blanche vient de passer derrière elle et qu’elle a vu son reflet dans le miroir, ça fait peur! Ce qui surprend, c’est que les autres restent tout à fait normaux. “Ah bah t’as dû voir la dame blanche…”. Personnellement, je ne crois pas du tout à ce genre de chose et je me suis sentie bizarre de voir qu’ici, tous mes collègues en parlent normalement. Tous ont eu « l’expérience » d’un chat fantôme qui traverse leur salon ou d’un fantôme qui frappe à la porte, tellement fort que la porte s’ouvre alors qu’il n’y à pas de vents et que tous sont réfugiés derrière le canapé.

Dit comme ça, je ne sais pas si vous allez vous rendre compte mais être à table et voir que chacun a sa propre histoire paranormale à raconter, ça fait peur! Au moment où le tout le monde a raconté sa petite histoire, on me demande : “Et toi Manon?”. Gros blanc, que répondre à ça lorsque vous avez face à vous des gens qui ont tous vécu ce à quoi vous ne croyez pas… Ah les français, tellement terre à terre qu’on ne voit peut être pas ce qui nous entoure…




Les chiliens et la discipline

Dans plusieurs situations, les chiliens sont plus disciplinés que les européens ou pas…
Nous sommes habitués à trouver des tickets chez le charcutier pour respecter l’ordre d’arrivée des clients. Ici, ce petit ticket magique est partout car l’ordre d’arrivée est difficilement respecté sans celui-ci. On le trouve chez les charcutiers, fromagers mais aussi pharmacies et plein d’autres. Et attention, si vous ne prenez pas le vôtre (comme nous au début car on ne savait pas), personne ne vous le dira, tant pis pour vous, vous n’aviez qu’à savoir! Par contre, cela se contredit vraiment car on a aussi pu observer des files d’attentes pour monter dans les bus ou encore pour la distribution du journal le matin. 

Chez nous les gens se mettent en troupeau autour de la personne qui les distribue  et lorsqu’il faut sortir de là, c’est la guerre. Tout un comportement qui nous surprend chaque jour un peu plus mais auquel on fini par s’habituer.
Autre chose sinon concernant les commerces et restaurants. Les chiliens sont réputés mauvais payeurs donc dans les magasins qui vendent des petits produits de haute valeur ajoutée comme du maquillage ou produits de beauté, un système a été instauré. En effet, les produits sont derrière des comptoirs et les vendeuses emmènent elles mêmes les produits que vous avez choisis vers une autre personne qui les emballe pendant que vous réglez vos achats. Une fois le ticket de caisse obtenu, vous pouvez aller retirer vos articles. Gare aux voleurs, cela doit bien leur compliquer la tâche!





La moustache chilienne


La grande mode du moment, c’est le décalé. Enfin, chez nous on l’appellerait comme ça mais ici la moustache, c’est carrément tendance! Et je ne parle pas de la petite moustache/barbe de celui qui a oublié de se raser, non. Je parle de la bonne grosse moustache bien épaisse avec les contours bien rasés, celle que l’on n’a pas envie d’embrasser. Paul en parlera mieux car c’est surtout un phénomène qui concerne les étudiants. En tout cas, au début on pense juste: “Bon chacun ses goûts mais celui là il a son style a lui…” Pas du tout! “Moustache droit devant” on se moquait! Les auvergnats n'ont qu'à bien se tenir!





Les chiliens et la galanterie

Quand on est une fille au Chili, en tout cas non chilienne, il faut se méfier car les hommes ici sont tout sauf discrets et sont très directs lorsqu’il s’agit de drague. Par contre il faut leur reconnaitre une chose, c’est qu’ils sont très galants. “Je vous en prie mademoiselle/madame, passez…” Une femme a toujours la priorité, comme à l’ancienne chez nous. Bon, il faut l’avouer, au début c’est un peu lourd, personnellement je m’en moquais un peu mais finalement, je m’y suis vite habituée. Ce n’est pas du tout de la drague mais vraiment de la politesse. D’ailleurs ils ne me croient pas quand je leur dis qu’en France ça ne se fait plus, sauf dans les premiers rendez-vous au restaurant (et encore…).

En Europe, les femmes sont beaucoup plus indépendantes et on dirait que les hommes nous sanctionnent pour ça (en ne nous ouvrant plus les portes) ou qu’ils estiment que si on veut gagner autant qu’eux au travail, il faut apprendre à les ouvrir nous même! Remarque, heureusement pour les femmes qu’elles ont encore ça ici parce qu’en ce qui concerne le droit des femmes, il y a encore du chemin à faire…

Les chiens dans la rue

Au Chili il n’existe pas de SPA et les villes ne font pas castrer les animaux comme en France. C’est une des choses qui nous a frappés en arrivant, tout comme plusieurs petits détails. C’est impossible de faire tout un article rien que là dessus mais rien que de le dire, ça vous aidera sûrement à vous imaginer un peu le Chili. Bref, il en résulte des chiens à chaque croisement de rues, des “bandes” de chiens qui se promènent entre “potes”, et des aboiements toutes les nuits où que l’on soit dans la ville. Ceux-ci font entièrement partie de la vie des gens. 

Les petites mamies nourrissent ceux de leur quartiers et plus personne ne s’étonne de les voir fouiller dans les poubelles, traverser les routes à tout moment et de venir vous aborder comme si vous étiez leur nouvel ami. 
Enfin c’est vraiment touchant de voir ces pauvres chiens, complètement abandonnés, vivant dehors à longueur de journée. Sans être fan de chien, ça me fait mal pour eux donc je n’imagine pas ceux qui les apprécient vraiment ici car ils se sentiraient vite comme chargés d’une mission de sauvetage! Et je ne vous parle pas de l’hygiène qui en découle… Les chiliens préfèrent vivre dans ces conditions plutôt que de dépenser de l’argent ou payer des impôts pour résoudre ce problème. Il y a d’autres priorités dans leur vie…

Pour plus d'infos voir un article du Petit Journal, le média des français à l'étranger.

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Le parler chilien

Hier nous avons été au cinéma voir le film sur le tremblement de terre de l'année dernière, "3h34", heure à laquelle la catastrophe s'est produite.


Et ce qui nous a marqué, autre que les images impressionnantes du séisme, c'est la façon de parler des chiliens qui était très stéréotypé. En 1h30 on a fait le tour de l'argot chilien c'était marrant et bien loin de l'espagnol classique qu'on nous apprend à l'école. Et c'est exactement ce qu'on entend tous les jours.

Voici quelques mots propres au Chili, qu'on ne pourrait pas entendre en Espagne et d'ailleurs dans n'importe quel autre pays :
- cachai (prononcé catchaille) = tu piges ? (proviens de l'anglais "catch"), en Espagne on dirait "entiendes".
- al tiro = tout de suite.
- po = c'est rajouté très souvent à la fin des mots  et ça pourrait dire "bien sûr" ou "ok", on n'a toujours pas compris d'où ça venait mais ça doit être une mode.
- chucha (prononcé tchoutcha) = merde ou putain.
- weon / weona / wea = mec / fille / truc, ça vient du castillan "huevon" (mec) mais comme les chiliens n'articulent pas beaucoup, au lien  de dire "huevon" (ouébone) ils disent "weon" (ouéone). Ça peut aussi être une insulte comme "pauvre type" ou "ducon".
- pololo / polola = petit(e) ami(e), en espagnol d'Espagne c'est "novio"(a).
- carrete = fête/soirée, en Espagne c'est bien sûr "fiesta".
- bacan = fantastique / génial, en Espagne on dit "estupendo" ou "genial".
- la raja = le maximum / exceptionnel, "guay" ou "tremendo" chez les espagnols.

Et aussi une particularité propre aux chiliens, c'est de mettre le diminutif "petit" devant plein de mots, par exemple pour dire "tchao/ciao" on dit "tchaito/ciaito".
On a peut-être trouvé une explication à ça, voici ce qu'on a trouvé sur internet :

" Cette propension a utiliser les diminutifs, écrit le sociologue, est peut-être une manifestation d’insécurité, le témoignage d’une crainte de s’affirmer en face d’autrui. Ne serait-elle pas à mettre en parallèle avec d’autres traits de caractère chiliens comme celui de ne pas savoir vraiment dire «Oui» ou «Non». Si un chilien dit «Oui», cela veut dire "peut-être", s’il dit «peut-être» cela veut dire «non», et s’il dit «non», ce n’est pas un Chilien. "

On confirme ces propos !

Voici une phrase que l'on pourrait entendre en Espagne et la même au Chili :


En Espagne :
"Hola tio, te voy a contar una cosa de la fiesta anoche"
"Te fuiste con Monica?"
"Claro, que guay la noche con mi novia"
"Joder, me la perdi, la proxima vez me avisas, vale ?"

Au Chili :
"Hola weon, tengo que contarte una cosita sobre el carrete de ayer "
"Te fuiste con la Monica?"
"Si po, que raja la noche con mi polola"
"Chucha, me la perdi, la proxima vez me avisas, cachai weon ?"


En français traduit littéralement du chilien:
"Salut mec, faut que je te raconte un petit truc sur la fête d'hier"
"T'as été avec la Monique?"
"Oui po, terrible la soirée avec ma copine"
"Putain, j'ai loupé ça, la prochaine fois tu me préviens, tu piges ducon ?"

En tout cas depuis que nous sommes arrivés, on a du mal à s'habituer à ce langage un peu décalé. Surtout Manon qui ne travaille qu'avec des chiliens ! C'est encore plus difficile quand ils parlent vite et n'articulent pas. Ce ne sont pas des étudiants donc ils ne font pas beaucoup d'efforts car ils ne sont pas habitués au contact avec les étrangers non hispanophones (et oui toute l’Amérique latine parle espagnol sauf le Brésil ). Mais on fait l'effort !


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"L'accès à la consommation : les crédits excessifs"

Quand nous allons faire nos courses dans les supermarchés ou grands magasins, au moment du règlement on nous demande toujours : "en combien de fois voulez-vous payer ?". Evidemment pour un achat de 15€ on ne va pas payer en 3 fois ! Mais ici tout est possible, il suffit de faire croire au consommateur qu'il a les moyens de tout s'offrir. Régler en plusieurs mensualités peut ne paraître pas cher en France mais au Chili les taux d'intérêts sont exorbitants.


Voici quelques exemples.

Le BlackBerry au prix comptant pour 159 990 pesos (235€)
et en 12 mensualités pour 191 880 pesos (285€) soit 50€ le crédit !

Un superbe ordinateur HP pour 549 990 pesos (805€)
ou à 840 000 pesos (1230€) en 36 mensualités soit un crédit à 425€ !
Taux d'intérêt : 53% !!!


Ce système est tellement lucratif que toutes les grandes chaînes de magasins et même de pharmacies (la santé est un véritable business!) proposent à leurs clients des cartes de crédit où le paiement en plusieurs fois est systématique. Dans ce pays tout se paie à crédit : la paire de chaussures, les vêtements, la télévision et bien sûr les études des enfants à l'université (publique) sans oublier les billets d'avion pour aller voir la Copa America de football.

D'où vient ce phénomène ?

Dès l'arrivée de Pinochet au pouvoir en 1973, l'économie a été bouleversée et un système ultra-libéral s'est imposé à tous les chiliens. Mené par les "Chicago boys", de nouvelles réformes vont privatiser une grande partie des entreprises du pays, sans oublier le système éducatif et la couverture santé qui deviendront un luxe pour une importante partie de la population.
Il faut savoir que le salaire minimum au Chili s'élève à 200€ mensuels alors que le niveau de vie à Santiago est le même que dans les villes de province en France... 
Un nouvel outil révolutionnaire est alors découvert pour inciter à la consommation les ménages les moins aisés : le crédit à la consommation et le paiement en mensualités, ou comment faire gober aux plus pauvres qu'ils pourront s'acheter le dernier écran plasma.

Le cercle vicieux

Résultat : les consommateurs sont tous surendettés. L'étude récente d'un organisme financier a indiqué que la dette moyenne par habitant s'élève à plus de 4000€, crédits hypothécaires et à la consommation confondus. L'institution va même jusqu'à juger la situation "très désespérée" pour environ 20 à 25% des travailleurs.
Beaucoup de familles semblent s'endetter car leur niveau de consommation de base n'est pas couvert par leur revenu et qu'ils ne veulent / peuvent réduire leur consommation pour s'ajuster à la réalité. Il semble normal de s'acheter la technologie dernier cri plutôt que de bien se nourrir, on retrouve les mêmes problématiques en Europe...

Et le système devient un véritable cercle vicieux, avant pour obtenir sa carte de crédit (et non bancaire), il fallait occuper un emploi depuis au moins 6 mois. Maintenant c'est beaucoup plus simple, il suffit d'avoir travailler au moins 3 mois, être étudiant ou femme au foyer. La solvabilité (capacité à rembourser) est à peine contrôlée !
Quand on sait que l'université publique coûte 100 à 300€ par mois, les étudiants sont obligés de contracter un prêt et de s'engager avec les banques. Et en plus ils doivent payer leurs courses en plusieurs fois. Une étude faite par l'Institut de la Jeunesse a révélé que 1 200 000 jeunes entre 15 et 29 ans sont endettés, soit la moitié de cette classe d'âge.
Imaginons-nous que la moitié des étudiants en France soit endettée car l'université coûte trop cher... personne ne le souhaite !


                       La joie du crédit étudiant : les banques se frottent les mains pour le "futur du pays"

Beaucoup de chercheurs universitaires et maintenant de responsables politiques ont tiré le signal d'alarme, mais rien de concret n'est fait. Le chiffre d'affaires et la rentabilité des grands groupes semblent davantage recherchés que la bonne santé financière des ménages.