Cela fait 4 mois que nous sommes au Chili et nous commençons à connaître de mieux en mieux Santiago, ses quartiers, ses habitants, et la manière dont on y vit.
La métropole de Santiago compte près de 7 millions d'habitants, soit 40% de la population du pays, et est constituée de 37 communes. L'appart de Paul est situé dans Santiago-Centre et celui de Manon dans le quartier de "Las Condes" (qui est un des quartiers résidentiels les plus riches de la ville).
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Las Condes |
La capitale chilienne est une cité assez récente puisqu'elle a été bâtie au XVIe siècle par les conquistadors espagnols. En
1920 elle comptait 500.000 habitants, en 1960 2 millions et en 2010 près de 7 millions d'habitants ! C'est comme une ville nouvelle.
Les bâtiments les plus anciens datent du XIXe siècle (merci les séismes). On peut être contents à Laval d'avoir un château du moyen-âge !
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A l'est la cordillère des Andes et à l'ouest la pré-cordillère, la ville s'étend maintenant vers le nord et le sud |
La ville est extrêmement étendue et fait quasiment la taille de l’Île de France. En fait, elle a été construite sur le
modèle d'une ville américaine, c'est à dire avec un
quartier d'affaires au centre, puis une
première ceinture d'immeubles plutôt modestes, et une
seconde ceinture constituée exclusivement de zones pavillonnaires s'étendant à des kilomètres à la ronde.
On est bien loin des cités françaises et des centres-ville historiques et plutôt cossus. Ici le centre ne vit que la journée au rythme des travailleurs, des bus, et des vendeurs ambulants. Le soir cela se transforme en quartier dangereux et infréquentable car les santiaguiniens rentrent chez eux (en voiture) dans les quartiers résidentiels.
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En 100 ans la ville est passée de 6 kms à presque 40 kms de long |
Ce phénomène de développement de quartiers en périphérie des villes s'appelle
l'étalement urbain, et est surtout propre aux villes américaines (Amériques du Nord et Latine). En effet ces villes sont très récentes, pas plus de 2 siècles, et
se sont étendues très rapidement sans prendre en compte les distances, les transports, l'environnement et surtout la pollution.
La
"contaminación urbana" (pollution urbaine) est un vrai problème à Santiago et ne semble pas prêt d'être résolu puisque c'est la structure même de la capitale qui doit être remise en cause. La ville a été bâtie pour l'utilisation de la voiture, de grandes avenues (de 4 à 8 voies) traversent la ville du nord au sud et d'est en ouest. D'ailleurs le matin et le soir ces avenues changent de sens pour favoriser les déplacements vers les lieux de travail et vers les zones résidentielles le soir.
Alors pourquoi ne pas utiliser les transports collectifs ?
Les transports en commun sont constitués essentiellement d'un réseau de bus qui vient d'être réorganisé (le Transantiago) et de 5 lignes de métro. Pour une ville de 7 millions d'habitants cela paraît bien insuffisant. A titre de comparaison, Paris compte 16 lignes de métro sans compter le RER, le bus et le tramway, et à Londres il y a 11 lignes de métro.
Le métro a été mis en service en 1975 (Londres : 1863, Paris : 1900) et c'est un vrai succès puisque 2 millions de chiliens l'utilisent chaque jour (3 millions de passagers à Londres et 4 millions à Paris). Aux heures de pointe c'est d'ailleurs la folie et on est parfois obligé d'attendre 3 ou 4 métros avant de pouvoir monter !
L'étalement urbain est dangereux et a des conséquences néfastes dans plusieurs domaines :
- en termes de
santé, puisque l'utilisation de la voiture entraîne la pollution,
- sur l'
environnement, à cause de la pollution, de l'emprise de la ville sur la nature, et de l'utilisation toujours plus croissante des ressources naturelles,
-
économiquement cela coûte cher tant aux ménages qui vivent loin (pour les déplacements) que pour les pouvoirs publics qui doivent suivre la croissance démographique en construisant de nouvelles infrastructures,
- globalement sur la
qualité de vie (trop de transports, pollution, nuisances en tout genre, stress),
- et enfin sur la
mixité sociale.
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Les riches et leurs 4x4 |
En effet à Santiago
les riches se "parquent" dans des lotissements (sécurisés) sur les hauteurs de la ville et les plus pauvres vivent dans des taudis ou des immeubles dans les quartiers deshérités. Rien de mieux pour
favoriser les ghettos et
accentuer les inégalités sociales.
A ce sujet vous pouvez lire
un article bien intéressant sur le lien entre ghettos et inégalités sociales.